Dangers et menaces
Les Bioagresseurs au jardin
Reconnaitre, observer et agir sur les Bioagresseurs dans les jardins
Table des matières :
L’épidémiosurveillance
Les produits phytosanitaires
Une approche raisonnée et un comportement adapté
Diagnostiquer les bioagresseurs
Le diagnostic de terrain
Les causes de désordres sur les végétaux
Une bonne connaissance des végétaux
Le diagnostic de terrain
Les outils du diagnostic
Les principales causes de désordre dans la croissance et le développement des végétaux
Les causes non parasitaires
Les causes parasitaires
Les plantes invasives ou exotiques envahissantes
Étudier les symptômes
Les causes du flétrissement
Les altérations du feuillage
Différences entre le lieu d’observation des symptômes et la localisation de l’agent pathogène
Les particularités de l’observation des ravageurs
L’épidémiosurveillance
Suite au Grenelle 2 de l’Environnement, la surveillance des bioagresseurs et des auxiliaires, autrefois
réservée aux professionnels de l’agriculture, a été étendue, à l’ensemble des cultivateurs de végétaux, dont les jardiniers amateurs.
Cette action contribue à la surveillance biologique du territoire (SBT) dans le domaine végétal, avec pour buts principaux :
- Éviter l’entrée ou suivre le développement sur notre territoire de ravageurs, de maladies des plantes et d’organismes nuisibles non présents ou d’introduction très récente.
- Contribuer, par une meilleure connaissance du risque phytosanitaire, à la réduction générale de l’emploi des produits phytopharmaceutiques dits pesticides
Le secteur du jardinage amateur se doit de prendre une part active à ce dispositif. Il s’inscrit dans le plan d’action national ECOPHYTO 2018 dont l’objectif est de réduire de manière importante l’usage des pesticides, en intervenant uniquement si nécessaire et en favorisant les méthodes alternatives aux traitements chimiques.
Les produits phytosanitaires
En matière de santé et de protection des plantes il est prouvé que le tout chimique conduit à une impasse, avec pour conséquences :
- Une contamination des milieux : sols, eaux, atmosphère, et une bioaccumulation possible dans les diverses parties du vivant.
- Des impacts néfastes sur la santé humaine, principalement pour les utilisateurs de produits, mais aussi pour les consommateurs, les usagers du jardin (enfants, animaux de compagnie…) et plus généralement l’ensemble des personnes exposées.
- Des effets non intentionnels sur la biodiversité et une accumulation dans les êtres vivants.
Nous savons également que les traitements utilisés seuls conduisent à des impasses techniques. Il a en effet été démontré que l’usage inadapté et parfois abusif des produits phytopharmaceutiques génère chez les bioagresseurs des résistances qui conduisent rapidement à des pertes d’efficacité et à la nécessité de mettre au point de nouvelles molécules.
Par ailleurs, l’utilisation des pesticides peut perturber les mécanismes naturels de régulation des bioagresseurs, à la base des réactions d’autoprotection des plantes et de l’action des organismes auxiliaires.
Une approche raisonnée et un comportement adapté :
L’éradication complète des parasites des végétaux ne peut se concevoir dans nos jardins. Il est préférable de contrôler les populations de bioagresseurs dans une approche générale prenant en compte la vie de la plante au sein de l’écosystème qu'est le jardin.
Un comportement plus raisonnée doit s’instaurer en acceptant un certain niveau d'infestation de le population de bioagresseurs, afin de maintenir une certaine biodiversité fonctionnelle en tolérant cette prédation au-dessous d’un seuil de nuisibilité.
En jardinage amateur, nous pouvons tolérer quelques dégâts d’ordres quantitatif, qualitatif ou esthétique. Cependant, nos espaces-verts ne doivent pas servir de refuges ou réservoirs à bioagresseurs pouvant contaminer les cultures voisines.
La réduction, voir la suppression de l’emploi des pesticides contribue au développement des auxiliaires dans nos jardins, alliés incontournables pour lutter contre les nuisibles.
Pour bien utiliser ces auxiliaires, il nous faut passer par une phase d'apprentissage pour les reconnaitre afin de bien orienter les futures actions de protection biologique intégrée. Cette connaissance sera fondée sur une bonne observation de la biodiversité présente dans nos jardins.
Diagnostiquer les bioagresseurs
Le diagnostic de terrain
Le diagnostic de terrain peut se définir comme la recherche de la cause d’un désordre au cours de la croissance et du développement des végétaux, mais également comme une action permettant de reconnaitre et cibler une attaque d'un bioagresseur, une affection parasitaire ou d’un dérèglement non parasitaire, à partir d'indices visuels et comportementaux.
Le diagnostic de terrain est un prérequis avant toute prise de décision et action de remédiation.
Réaliser un diagnostic est comparable à conduire une investigation basée sur la recherche et l'analyse d'indices permettant de cibler les problématiques et les pistes de solutions de remédiations.
Poser un bon diagnostic nécessite une solide connaissance du terrain et un sens de l’observation affuté se confirmant avec l'expérience. Un minimum de connaissances sur les symptômes, la biologie des agresseurs, parasites et maladies est indispensable pour l'établissement d'un constat phytosanitaire fiable.
La détection précoce des organismes nuisibles est primordiale pour prévenir toute propagation et limiter le nombre d'actions curatives.
Les causes de désordres sur les végétaux
Dès la première phase, le diagnostic de terrain sert à différencier les deux grandes causes possibles de désordre sur les végétaux :
- Les causes parasitaires (ou causes biotiques) sont provoquées par des organismes vivants extérieurs à la vie normale d'un végétal et affectant ou portant atteinte à celle-ci (ravageurs, champignons, virus, bactéries…).
- Les causes non parasitaires ou physiologiques (ou causes abiotiques) sont générées par des causes externes ou internes à la plante, sans lien avec des organismes vivants extérieurs. Les désordres sont dus à des carences, au climat, au stress hydrique, une fragilité provoquées par des traitement phytosanitaires...
Il peut se produire des réactions provoquées par un mixage des 2 causes biotiques et abiotiques.
Un diagnostic in situ ne permet pas systématiquement d'identification à coup sûr l'origine d’un dégât mais constitue une base de connaissance à compléter en consultant des ouvrages techniques de référence, des professionnels de l'expertise et et de l'analyse (laboratoires).
Un diagnostic est facilité, dans la plus grande majorité des cas, par le fait qu’un symptôme observé peut être imputé directement à la cause qui le provoque. Il s’agit dans ce cas d’état symptomatique.
Cependant, dans certaines circonstances, des maladies peuvent se développer sans qu’il n’y ait de symptômes apparents nettement marqués. La liaison entre les symptômes observés et les causes probables du désordre ne sera alors pas évidente à définir. Il pourra y avoir des risques de confusion entre plusieurs causes. il s'agira alors d’état asymptomatique.
Une bonne connaissance des végétaux
Lors des observations, pour reconnaître des symptômes, il est primordial de connaître le développement des végétaux dans leur état végétatif normal en connaissant :
- Ses caractéristiques morphologiques : forme, taille, couleur des feuilles et des des fruits, morphologie du système racinaire. Par exemple, la panachure d’un feuillage peut être un caractère normal d’une plante pour obtenir un effet ornemental mais cela peut aussi être la manifestation d’un symptôme du à une attaque virale à une affection physiologique.
- Ses exigences par rapport à son milieu : besoins en eau, exigences en température, sensibilité au froid ou à l’excès de chaleur, besoins en lumière, types de sols (acide, calcaire ou neutre), structure et profondeur du sol, sensibilité au compactage, résistance au sel...
- Son cycle de culture et ses différents stades de développement (phénologie) : semis, levée, jeune plant, croissance, floraison, fructification, chute des feuilles...
L’observation, un prérequis au diagnostic
La période d’observation :
En prenant en compte l’ensemble des bioagresseurs susceptibles d’attaquer une plante, l’observation doit porter sur toute la durée du cycle végétatif de celle-ci. Cependant, il existe plusieurs stades pendant lesquels les végétaux sont plus vulnérables aux attaques des bioagresseurs diverses :
- La phase de germination et de levée des plantules.
- La phase de départ de végétation des boutures.
- Les phases de repiquage transplantation et de plantation qui peuvent constituer des chocs physiologiques.
- Les phases de floraison et fructification provoquant des modifications de composition minérale de la sève.
- La phase post-récolte sur des plantes chargées en fruits qui est révélatrice de pathologies latentes racinaires, et parfois vasculaires.
En observant à un couple bioagresseur/plante-hôte (cas le plus courant), à un certain stade de croissance du cycle végétatif d’une espèce potagère par exemple, la période
d’observation est restreinte. Elle prend en compte les risques de survenue du bioagresseur en s’appuyant sur les connaissances de son comportement à différentes phases de son cycle sur son hôte, mais également la durée de la période diurne et la température ambiante.
Pour chaque couple bioagresseur/plante-hôte, la période d’observation peut varier en fonction des zones bioclimatiques : le démarrage de la végétation est plus précoce en Bretagne sud que dans le Nord de la France par exemple.
Un diagnostic visant à rechercher les causes probables d'un dégât doit toujours se faire dès la constatation de l’apparition des premiers symptômes (Symptômes primaires).
Un diagnostic trop tardif réduit les possibilités de prises de décisions et fait systématiquement courir le risque de voir apparaître d’autres symptômes liés aux agissements d’organismes pathogènes opportunistes secondaires lors de surinfections, comme par exemple des cryptogames ou des bactéries, qui profitent d’une lésion ou d’un état de faiblesse générale de la plante pour se développer.
De plus, la détection précoce d'une maladie ou du ravageur offrira la possibilité de poursuivre l’évolution des symptômes avec une fréquence d’observation plus importante ou de réaliser une action rapide de remédiation.
Fréquence des observations
Une fréquence élevée du nombre d’observation de l'ordre d'une par semaine augmente les chances de découvrir un bioagresseur à un stade précoce.
Les observations peuvent être réalisées quelque soit le moment dans la journée en évitant les périodes de température extrêmes tout en privilégiant le début de la matinée. Une observation matinale facilite le diagnostic pour tout ce qui relève du flétrissement partiel ou total des végétaux.
L’observation en soirée ou plus tardive peut être utile dans le cas ou les prédateurs ou ravageurs son les plus actifs au crépuscule ou la nuit.
Les outils du diagnostic
Un minimum d’outils est nécessaire pour procéder à une bonne observation sur site :
Les outils de base pour toutes les observations :
- Un couteau très bien affûté et un sécateur pour les ligneux afin de réaliser des coupes franches sur les végétaux.
- Une loupe de poche (x8 ou x10).
- Un appareil photo numérique.
- Un bloc-notes et un crayon à papier.
- Des sachets plastiques, boîtes et tubes propres ainsi que des étiquettes qui permettront de ramener les échantillons à domicile pour une observation plus confortable ou de les expédier à un expert.
- Un aspirateur à bouche pour la capture des petits insectes et de l’alcool à 70 °C pour les conserver en vue d’une analyse.
Pour l’observation du sol et des racines :
- Un transplantoir.
- Une bêche
- Une petite tarière pédologique (ou à défaut une gouge à asperge) pour observer l’humidité du sol en profondeur, ainsi que l’état du chevelu racinaire des plantes de manière peu destructrice.
- Un couteau permettant de gratter le sol en surface et dégager le collet ou une grosse racine de la plante.
- Un bidon d’eau pour laver les racines à observer, s'il n'y a pas de point d'eau à proximité du lieu de prélèvement.
Conditions de culture et normes environnementales à prendre en compte :
- Les aspects physiques apparents du sol, notamment son aération ou sa compaction.
- Les données climatiques récentes : températures, pluviométrie et vent lors des deux dernières semaines ayant pu influencer sur :
- Le comportement d’un ou plusieurs parasites, en favorisant ou non des contaminations ou leur dissémination.
- La physiologie de la plante, en l’affaiblissant voire, dans les cas plus importants, en provoquant des symptômes liés à un stress abiotique. Les principales conditions climatiques susceptibles de générer des désordres majeurs et de fragiliser les plantes sont :
- Les températures ambiantes et/ou du sol qui peuvent être en dehors de l’optimum de la croissance de la plante (températures extrêmes).
- Le gel, par son action directe sur les tissus végétaux ou par les blessures qu’il provoque pouvant constituer des portes d’entrée pour des champignons ou des bactéries pathogènes.
- La disponibilité en eau qui peut être trop importante ou insuffisante (forte pluie, irrigation excessive, sécheresse…).
Les principales causes de désordre dans la croissance et le développement des végétaux
Les causes non parasitaires
Les causes non parasitaires doivent être recherchées en premier lieu, ne serait-ce que pour les éliminer et mieux se concentrer ensuite sur la recherche de causes parasitaires. Il faut pour cela :
- Observer l’environnement de la plante à l'instant T, les causes possibles pouvant être :
Un manque d’eau en profondeur pendant une période prolongée : Utiliser un petite tarière pédologique pour procéder à cette vérification.
À l’inverse, l’asphyxie racinaire due à l’hydromorphie (qui peut se repérer par la présence d’eau stagnante sur le sol ou sous la surface du sol) est souvent une cause de désordre dans la croissance des plantes. Paradoxalement, elle peut conduire au flétrissement généralisé des plantes.
- Repérer l’évolution climatique dans un passé récent : le climat est un facteur naturel de répartition des espèces, mais l'être humain a toujours cherché à acclimater des espèces exotiques. Certaines années, la rigueur climatique provoque des rappels à l’ordre, à travers par exemple :
Des températures extrêmes.
Des variations brutales de températures, le froid et le gel.
Des phénomènes météorologiques violents (fort vents, orages de grêle...).
Il est à noter que les effets de la neige ou du gel sur la végétation (plantes à feuillage persistant) se manifestent souvent plusieurs jours après la fonte.
Parmi les causes de désordres d’origine non parasitaire, il convient d’envisager les causes liées au fonctionnement de la plante dans ses milieux : le sol (causes édaphiques) et l’atmosphère. Les causes les plus couramment rencontrées sont :
- Les carences nutritionnelles
Il peut s’agir de carences vraies par déficit important de la teneur en un élément majeur ou un oligoélément, ou de carence induite par le blocage de l’assimilation d’un ou plusieurs éléments (comme la carence en fer dans les sols calcaires). La connaissance du pH du sol et de son évolution dans le temps est toujours une donnée précieuse à connaître pour l’évolution des plantes cultivées, mais aussi pour l’implantation de la flore adventice.
Dans tous les cas, la plante réagit et présente des symptômes plus ou moins spécifiques de chacun des éléments en cause. Nanisme, coloration anormale ou décolorations localisées sur les feuilles sont les principaux symptômes rencontrés.
La confusion peut souvent se faire :
- avec les symptômes de maladies virales
- avec des phytotoxicités d’origine herbicide (dérive de désherbant non sélectif)
- de manière plus exceptionnelle avec des attaques de ravageurs (larves du sol, insectes xylophages, nématodes phytoparasites…).
Il peut être nécessaire, en cas de doute, de compléter le diagnostic visuel par une analyse du sol ou du végétal.
- Les toxicités
À l’inverse des carences, les toxicités correspondent à l’excès d’un ou plusieurs éléments présents dans le sol qui, par différents mécanismes, contrarie le développement des plantes, voire à l’extrême peut entraîner leur mort. Dans les jardins, notamment pour les plantes en pot, les toxicités sont souvent consécutives à un excès de salinité dû à un apport d’engrais trop important. Mais elles peuvent aussi survenir naturellement (par exemple, l’intoxication du feuillage par le manganèse dans un sol très acide). - Les pollutions atmosphériques
Des retombées de fumées ou d’émanations toxiques pour les plantes peuvent engendrer des réactions diverses. L’observation de l’environnement proche du jardin est nécessaire. - Les pollutions engendrées par des actions malencontreuses du jardinier dues à l'utilisation de produits phytosanitaires.
L’utilisation inappropriée, le surdosage d’un produit phytosanitaire ou des retombées de pulvérisation d’un herbicide, notamment à action foliaire, provoquent des symptômes de phytotoxicité et, dans les cas les plus graves, la mort des plantes. Le vent peut parfois disperser les produits polluants sur de longues distances.
Il convient de se remémorer les faits récents dans l’environnement de son jardin. Le sel utilisé pour le déneigement des cours et des chaussées est redoutable pour la plupart des plantes. Les excès d’apport d’engrais, notamment quand ceux-ci sont réalisés en cours de culture sur le feuillage des plantes, provoquent des colorations anormales ou des brûlures du feuillage. - La compétition racinaire pour puiser l’eau et les éléments minéraux et la compétition des plantes pour la lumière
Une plante de plein soleil plantée dans une zone en permanence ombrée ou, inversement, une plante d’ombre placée en plein soleil, va réagir en exprimant des symptômes qui peuvent aller du nanisme à la brûlure du feuillage.
Les plantes annuelles placées sous des arbres ou trop près d’une haie subissent une compétition racinaire très importante, engendrant des désordres de croissance.
Ces cas sont fréquemment rencontrés dans les petits jardins où le jardinier l'on a tendance à planter des quantité excessives de végétaux. - Le mauvais état du sol
Des sols trop compacts, notamment des sols argileux ou limoneux pauvres en matières organiques, insuffisamment amendés, provoquent des difficultés de croissance des plantes liées à un état de faiblesse. Elles se manifestent par des désordres divers sur le feuillage. Ces mauvaises conditions de croissance rendront les plantes d’autant plus réceptives aux maladies et aux ravageurs. Ces sols sont parfois rencontrés lors des premières implantations de jardin, particulièrement dans le cas de terres rapportées. - Les dégâts mécaniques
Des actions volontaires réalisées dans de mauvaises conditions climatiques ou à une mauvaise période de son cycle de croissance peuvent avoir des répercussions plus ou moins graves sur l’intégrité de la plante comme par exemple tailler un buis en été, en période de fortes chaleurs, peut provoquer des brûlures graves du feuillage.
Les causes parasitaires
Les causes parasitaires sont engendrées par des agents biotiques (vivants) qualifiés de bioagresseurs.
Par ordre décroissant des préoccupations pour le jardinier amateur, nous trouvons :
- Les champignons parasites, responsables de nombreuses maladies cryptogamiques (aussi appelées maladies fongiques).
- Les insectes phytophages qui provoquent des dégâts par consommation du végétal ou un affaiblissement de la plante par ponction de la sève.
- Les acariens nuisibles, minuscules araignées qui sucent le contenu des cellules des feuilles.
- Les virus et les phytoplasmes sont présents dans le génome des organes reproducteurs de la plante.
Ils peuvent aussi être inoculés au cours de la croissance végétative, par des insectes vecteurs ou par des actions du jardinier sur la plante (taille ou effeuillage), à partir de plantes contaminées dans l’environnement proche du jardin. Ils engendrent des maladies virales, parfois très graves, allant du blocage total de la croissance à la mort du végétal. - Les bactéries phytopathogènes sont responsables de maladies bactériennes (aussi appelées bactérioses). À quelques exceptions importantes près, le pouvoir pathogène des bactéries dans le règne végétal est beaucoup plus faible qu’au sein du règne animal. De ce fait, sur le végétal, les bactéries sont le plus souvent à l’origine d’attaques secondaires et de surinfections.
- Les nématodes phytoparasites, minuscules vers microscopiques, attaquent les racines des plantes ou, plus rarement, leur feuillage.
- Les mollusques sont des animaux à corps mou. Parmi eux, les limaces et les escargots (gastéropodes) se révèlent être les plus néfastes aux cultures.
- Les vertébrés : quelques espèces d’oiseaux, à certaines périodes de l’année, se nourrissent des végétaux cultivés. Des petits mammifères, comme le campagnol des champs ou le campagnol terrestre, sont de redoutables ravageurs des racines et des jeunes plants. De même, lièvre, lapin de garenne ou taupe sont souvent indésirables dans un jardin.
- Les plantes parasites vivent au détriment des plantes cultivées, le plus souvent en se fixant sur leurs racines. Dans nos régions, elles sont peu nombreuses mais leur développement rapidement envahissant peut être une gêne aux cultures. Les cuscutes, les orobanches et, dans une moindre mesure, le gui des arbres sont les plus redoutables.
- Autres causes possibles : la présence dans le jardin d’animaux issus de la faune sauvage (lapins, sangliers, chevreuils…), mais aussi d’animaux domestiques, peut aussi engendrer des consommations partielles ou totales de végétaux ainsi que des casses de plantes.
Les plantes invasives ou exotiques envahissantes:
Les plantes considérées comme envahissantes, aussi nommées plantes invasives, sont en général des végétaux d’origine exotique, dont la vitesse de développement et de colonisation de l’espace, dans un lieu donné, est susceptible de :
- concurrencer très fortement les cultures présentes, pouvant engendrer des préjudices d’ordre économique
- se développer au détriment de la flore locale naturellement présente, avec le risque de contribuer à une perte de biodiversité
- porter atteinte à la santé humaine. c’est le cas des plantes dont le pollen est très allergisant comme l’ambroisie à feuilles d’armoise, qui tend à s’implanter progressivement en France, malgré les mesures prises pour tenter de l’éradiquer. Certaines plantes non invasives sont également allergisantes.
Ces plantes peuvent avoir été introduites sur le territoire :
- involontairement, par la mondialisation des échanges agricoles et industriels et la circulation des moyens de transport qui s’intensifient de nos jours
- volontairement, pour des raisons alimentaires, ornementales, échange et vente libre pour aquariophiles.
Pour ces espèces, l’introduction est un premier stade, qui précède l’étape la plus significative de l’invasion, c’est-à-dire leur dissémination de proche en proche sur le territoire de conquête par de nombreux vecteurs : les insectes, le vent, les oiseaux, les pratiques culturales… le rejet volontaire dans le milieu naturel est également une des cause de cette problématique.
Le caractère invasif n’est pas du seul fait des plantes exotiques. Beaucoup de plantes, qui ont eu un caractère exotique dans un passé très lointain mais qui sont aujourd’hui considérées comme des plantes autochtones, sont souvent très préjudiciables au jardinier. C’est surtout le cas lorsque leur éradication systématique au jardin n’est plus la règle (buddleia par exemple).
Le caractère invasif d’une plante est presque toujours lié à la présence chez l’espèce d’au moins quatre caractères déterminants :
- le caractère pionnier, ou la capacité à coloniser en premier un territoire ou à recoloniser un territoire momentanément abandonné par son usage premier, qu’il s’agisse du milieu rural ou du milieu urbain.
C’est particulièrement le cas des plantes dites rudérales, qui ont une aptitude à coloniser très rapidement les décombres, les terres nues ou les jardins abandonnés - une grande faculté de reproduction par voie sexuée (les graines) ou par voie végétative, notamment via les organes souterrains (racines, rhizomes, bulbes)
- une bonne acclimatation et en particulier une grande résistance à tous les stress climatiques : le froid, le gel et la sécheresse…
- le caractère compétitif souvent lié à la morphologie de la plante : plantes en rosettes pour se protéger de la prédation ou, à l’inverse, plante à port très dressé, à croissance très rapide pour gagner la bataille de la lumière.
De plus, les plantes nouvellement introduites n’ont en général sur le territoire ni prédateur, ni parasite, ce qui contribue à leur expansion rapide.
L’intervention de l’Homme facilite souvent, involontairement, le caractère invasif d’une plante. C’est notamment le cas pour la flore adventice en agriculture ou la pratique de la monoculture. L’usage associé des désherbants chimiques sélectifs des plantes cultivées, mais aussi parfois des plantes adventices de la même famille, provoque des sélections de flore, laissant le champ libre à un très petit nombre d’espèces.
La nuisibilité de ces plantes invasives ou potentiellement invasives est parfois difficile à évaluer en raison du délai s’écoulant entre l’acclimatation de la plante dans son lieu d’introduction et la découverte de son impact sur les écosystèmes. Le degré de nuisibilité ne fait pas non plus toujours consensus selon le type d’impacts : atteinte à la biodiversité, préjudice économique, risques pour la santé humaine…
Le contrôle des populations de plantes invasives suppose qu’elles puissent être détectées en tous lieux sur les espaces publics, mais aussi dans les jardins privés. L’extension de la surveillance biologique aux jardins amateurs est, de ce fait, une nécessité.
Le terme d'envahissement peut-être employé également dès qu'une rivière ou un plan d'eau connaît un important développement végétal pouvant être lié à une espèce indigène (Cératophylle, Lentilles d'eau...). Ces développement pouvant poser poser des problèmes restent cependant sur des surface localement limitées sans comparaison à la prolifération de plant exotiques invasives.
Quelques exemples de plantes invasives présentes en France métropolitaine:
La Ludwigia peploïdes et Ludwiigia uruguayensis (jussie)
est une plante à fort potentiel de développement générant une biomasse importante avec une croissance rapide ( X 2 en 3 semaines) et dotée d'un forte capacité d'adaptation à différents milieux (prairies humides, berges, cours d'eau...) et paramètres chimiques.
Le Myriophyllum brasiliense (Myriophille du Brésil)
est une plante amphibie en milieux aquatiques ou en zone humides peu profondes ayant un pouvoir de dispersion aisé par bouturage spontané ou provoqué présent un pouvoir d'extension limité.
Étudier les symptômes
L’étude des symptômes est un outil fondamental d’aide au diagnostic. Elle permet d’évoluer de la simple observation d’un phénomène à la recherche de ses causes.
Au jardin, les comportements anormaux des plantes doivent nous alerter. Parmi les grands types de symptômes généraux, nous pouvons distinguer :
- Le flétrissement.
- Le dépérissement.
- Les décolorations.
- La baisse de vigueur (arrêt de croissance, arrêt d’élongation, raccourcissement des entre-nœuds).
- La défoliation (chute de feuilles) prématurée.
- La déformation des organes (bourgeons notamment).
Il peut arriver que la seule vue d’un comportement anormal de la plante ou de la présence d’un organisme inhabituel sur celle-ci permette d’aboutir directement au diagnostic. Dans la plupart des cas, il sera nécessaire, pour sécuriser le diagnostic, d’observer la présence éventuelle d’autres symptômes appelés symptômes associés. Dans ce cas, on parle de tableau symptomatique.
Les causes du flétrissement
Le flétrissement d’une plante est un symptôme général fréquemment observé, qui peut être provoqué par de multiples causes. Celles-ci traduisent toujours, globalement, un état de déficit entre la transpiration de la plante par ses feuilles et l’absorption de l’eau par ses racines ou le transfert par les vaisseaux.
Le flétrissement momentané d’une plante en pleine chaleur est un état normal de celle-ci, provenant de la régulation stomatique du flux d’eau. Ce flétrissement est réversible.
Le flétrissement d’une plante le matin, au lever du jour, est un état anormal qui doit immédiatement alerter et qui comporte un gros risque d’irréversibilité. Il convient alors d’en rechercher les causes possibles, le cas échéant à partir de symptômes associés.
Dans un premier temps, il convient d’éliminer les causes édaphiques : déficit hydrique du sol, sol froid ou trop mouillé. Cet exercice est en général assez facile en observant l’environnement et les conditions climatiques du passé récent.
Il convient ensuite de distinguer ce qui peut provenir du système racinaire ou du système vasculaire de la plante.
Altération du système vasculaire
Le flétrissement complet ou partiel d’une plante peut provenir d’une rupture de la tige pour une cause accidentelle. Après avoir éliminé cette hypothèse, il convient d’examiner la
tige au-dessous de la partie flétrie, au collet notamment, mais aussi sur toute sa longueur pour y détecter des trous de sortie d’insectes ou d’autres attaques parasitaires.
D’une manière générale, les affections vasculaires des plantes provoquées par des attaques de champignons qui obstruent les vaisseaux ou, beaucoup moins fréquemment, par des embolies gazeuses, se traduisent rarement par un flétrissement total de la plante, mais le plus souvent par des flétrissements sectorisés, unilatéraux : un seul côté de la plante, un seul côté de la feuille. Dans ce cas, à l’observation sous-épidermique ou à la coupe transversale de la tige, les vaisseaux concernés présentent une coloration brune anormale.
Les insuffisances d’absorption racinaire de l’eau par les racines de la plante peuvent aussi être le fait de causes édaphiques, génératrices d’un manque de racines actives : sols compacts, asphyxie racinaire…
Altération du système racinaire Si la démarche de recherche des causes du flétrissement de la plante laisse penser qu’il puisse s’agir d’altération du système racinaire, il convient de gratter progressivement et minutieusement la superficie du sol, à l’aide d’un vieux couteau par exemple, pour dégager au minimum trois zones représentatives :
- La proximité du collet, qui correspond au départ de toutes les racines.
- La zone de petites racines superficielles correspondant au chevelu racinaire le plus actif dans l’absorption de l’eau et des éléments minéraux.
- Quelques grosses racines qui partent en profondeur.
Lavez les racines pour mieux détecter les anomalies éventuelles. Lors de cette observation, les altérations du système racinaire peuvent se manifester généralement par :
Les altérations du feuillage
Les altérations du feuillage des plantes sont les symptômes les plus souvent observés et aussi les plus facilement observables, mais peuvent traduire autant la conséquence que la cause d’une affection. Ces altérations peuvent affecter directement le limbe de la feuille ou, plus rarement, les pétioles au point d’attache sur la tige ou sur toute sa longueur. Dans le cas d’affection du limbe, ces anomalies concernent :
- La forme des feuilles.
- La couleur des feuilles sur leurs faces supérieure ou inférieure.
- L’intégrité des tissus du feuillage.
- La présence visible d’organismes étrangers à la plante.
Indirectement, les altérations du feuillage révèlent une atteinte des fonctions vitales de la plante au-dessous des symptômes visibles : chancre ou pourriture des rameaux, branches ou tronc, maladie vasculaire, galerie d’insectes xylophages, affection du collet ou des racines…
Altération de la forme des feuilles
La surface foliaire peut être réduite, parfois de manière asymétrique. Le découpage du tour des feuilles peut être modifié, avec des aspects plus ou moins dentelés. Les feuilles peuvent revêtir un aspect plus ou moins gaufré, cloqué ou en forme de cuillère.
Altération de la couleur des feuilles
Sur les faces supérieure ou inférieure des feuilles, l’altération de couleur est à préciser : jaunissement, coloration anormale des feuilles, chlorose, nécrose et taches foliaires sont des symptômes d’alerte à ne jamais négliger. La forme et la localisation précise de ces changements de couleur sur le limbe des feuilles ou des folioles sont essentielles au diagnostic.
Quatre principaux cas sont à considérer :
- Les symptômes nervaires, qui concernent principalement les grosses nervures.
- Les symptômes internervaires, qui se situent entre les nervures.
- Les symptômes marginaux, localisés à la périphérie des feuilles.
- Les taches, pustules et boursouflures foliaires.
Les taches foliaires ont souvent des faciès typiques d’un bioagresseur ou d’un groupe de bioagresseurs.
On distingue les principales formes suivantes :
- Les taches à contour mal défini.
- Les taches à contour cerné.
- Les taches comportant en leur centre une ponctuation nettement marquée (on parle alors de taches à œil).
- Les taches très petites, souvent appelées ponctuations ou mouchetures.
- Les taches qui peuvent évoluer vers des perforations du feuillage (on parle alors de criblures).
Dans une évolution avancée, les taches peuvent se rejoindre : on dit alors qu’elles sont coalescentes.
L’intégrité des tissus du feuillage
Les feuilles peuvent présenter des traces de piqûres, de morsures, de mines (galeries sous-épidermiques) ou de morsures (consommation plus ou moins importante du limbe). On distingue principalement :
- Les feuilles minées. La forme de la mine est souvent caractéristique de la larve de l’insecte qui la provoque. On peut observer des mines monocanal, des mines monocanal avec diverticules, des mines sinueuses…
- Les feuilles perforées.
- Les feuilles à épiderme décapé.
- Les feuilles avec destruction partielle du limbe, incluant la destruction des nervures, ou, à l’inverse, laissant les nervures principales intactes.
- Les feuilles déformées, en précisant le type de déformations : feuilles incurvées, enroulées, crispées…
La présence visible d’organismes étrangers à la plante
Ceux-ci peuvent, de manière fugace ou récurrente, être présents de manière visible sur les feuilles : mycélium ou pulvérulence de spores de champignons, miellat, fumagine, toile, ravageurs à différents stades possibles de leur cycle, déjections diverses…
Différences entre le lieu d’observation des symptômes et la localisation de l’agent pathogène
Dans la majorité des cas, les symptômes observables sont sur l’organe ayant l’organisme nuisible présent, et sur le site d’infestation. Il s’agit du diagnostic le plus facile à réaliser.
Mais pour de nombreuses maladies fongiques, bactériennes et virales, ainsi que pour quelques ravageurs, il y a une différence entre ces deux lieux :
1 : attaque primaire
2 : effet indirect.
Sont principalement concernées les attaques des racines, du collet, des vaisseaux et des ramifications.
Les particularités de l’observation des ravageurs
Les insectes, les acariens et les nématodes sont qualifiés de ravageurs des plantes si, sur la totalité de leur cycle, mais le plus souvent seulement à des stades précis de leur cycle de reproduction, ils sont susceptibles d’entraîner des dégâts plus ou moins importants sur les plantes.
Ces dégâts peuvent être directs par consommation ou souillure du végétal, ou indirects par transmission de maladies, virales notamment.
Les préjudices subis peuvent être d’ordre esthétique, notamment dans le domaine de plantes ornementales, ou entraîner une réduction qualitative ou quantitative de la production dans le domaine des plantes vivrières.
Le diagnostic des ravageurs se fera, le plus souvent :
- à partir de l’observation directe sur la plante ou à proximité de celle-ci, du ravageur au stade où il occasionne des dégâts
- à partir du type de dégâts qu’ils occasionnent sur le végétal
- ou à partir d’indices et de traces laissés par leur passage
La simple perte de croissance d’une plante peut faire suspecter l’action d’insectes piqueurs suceurs de sève.
Présence et observation directe des ravageurs sur les plantes
La petite taille des ravageurs à observer est souvent un handicap et une bonne loupe de poche (x8 ou x10) est toujours très utile.
La localisation des ravageurs sur la plante, notamment pour les plus petits d’entre eux, est presque toujours un indicateur précieux dans la détermination. Il arrive souvent qu’il n’y ait présence que sur un seul organe de la plante : les bourgeons, les boutons floraux, la face supérieure et/ou inférieure des feuilles…
Seule l’observation de la morphologie complexe de chaque stade du cycle de développement du ravageur peut conduire à une détermination précise allant jusqu’à l’espèce. Cependant, des observations globales et comportementales sont des indices précieux : la forme de l’enroulement d’une larve terricole, le saut caractéristique des altises, le mode de déplacement d’une chenille qualifiée d’arpenteuse…
Observation indirecte des ravageurs par la présence d’indices
L’observateur vigilant peut être alerté par la présence d’éléments en lien avec le cycle de développement ou avec la biologie du ravageur, tels que des cocons, des toiles (pour les acariens principalement), des mues, aussi appelées dépouilles nymphales ou exuvies. C’est aussi le cas fréquemment rencontré du miellat, liquide sucré et collant sécrété par de nombreux insectes piqueurs et suceurs de sève (pucerons, psylles, aleurodes, cochenilles, cicadelles…) Ce miellat attire les fourmis qui s’en nourrissent et favorise le développement de champignons saprophytes d’aspect poudreux noir : la fumagine.
Les réactions localisées du végétal peuvent aussi être des indicateurs. L’exemple nous est souvent fourni par les insectes galligènes qui provoquent, en leur faveur, des excroissances des tissus végétaux.
L’observation des auxiliaires
La présence de ravageurs sur les plantes permet aussi d’observer simultanément des auxiliaires prédateurs ou parasites des ravageurs des plantes .
Dans le cas des prédateurs, on observe directement la présence de l’insecte ou de l’acarien, au stade adulte ou au stade larvaire, qui se nourrit du ravageur.
Dans le cas des insectes parasitoïdes (parasites de ravageurs), on voit plus rarement l’insecte qui vient le plus souvent pondre dans le corps des ravageurs. Au changement de couleur et de forme du ravageur, on observe cependant très bien l’évolution progressive du ravageur parasité qui dépérit progressivement.
En l’absence d’auxiliaires au jardin (suite à l’usage inapproprié de pesticides par exemple !), les ravageurs connaissent des fluctuations cycliques plus brutales et plus fréquentes, pouvant se traduire par des pullulations régulières. Les deux exemples ci-après sont théoriques, mais montrent bien les dynamiques de populations qui s’établiraient si les mécanismes naturels de régulation n’existaient pas.
Le puceron lanigère du pommier
Chaque femelle de puceron donne naissance à 50 femelles en moyenne, capables de se reproduire à leur tour au bout de 15 jours. Une femelle s’installant dans un jardin début avril aura une descendance potentielle de 1 000 individus fin avril, un million fin mai et… un milliard de milliards fin septembre ! La masse d’insectes serait équivalente à deux fois celle de la population humaine mondiale.
Les piérides du chou
Un couple de piérides du chou donne 400 descendants, qui se reproduiront à leur tour pour obtenir 16 millions de chenilles en trois générations ! Dans un carré de 50 choux, l’attaque par deux chenilles ne pose pas de problème majeur. Les 400 chenilles de la génération suivante, avec 8 chenilles par chou, occasionnent des dégâts visibles, sans pour autant mettre en danger la totalité de la récolte. En revanche, avec 80 000 chenilles à la génération suivante (1 600 par plante), il est probable que la récolte soit perdue et que les chenilles affamées se répandent dans tous les jardins voisins.
L’observation des auxiliaires est donc fondamentale. Leur présence, l’appréciation des quantités relatives ravageurs/auxiliaires seront des éléments forts de la prévision d’évolution de l’attaque et, consécutivement, des décisions à prendre pour la protection des plantes. Dans tous les cas, elles inciteront à renouveler, voire à resserrer la fréquence des observations pour suivre de près l’évolution de la situation.
Reconnaitre, observer et agir sur les Bioagresseurs dans les jardins Table des matières : L’épidémiosurveillance Les produits phytosanitaires Une approche raisonnée et un comportement adapté Diagnostiquer les bioagresseurs Le diagnostic de terrain Les causes de désordres sur les végétaux Une bonne connaissance des végétaux Le diagnostic de terrain Les outils du diagnostic Les principales causes ...
La Coccinelle asiatique (Harmonia axyridis)
La Coccinelle asiatique (Harmonia axyridis)
Son Cycle de Vie Efficace
Stades de Développement |
Alimentation Variée |
Reproduction Efficace |
Comme ses cousines locales, la Coccinelle asiatique passe l'hiver à l'état adulte. Au printemps, après l'accouplement, la femelle pond ses œufs près d'une source de nourriture. Les larves écloses muent quatre fois avant de se transformer en nymphes immobiles, puis émergent quelques jours plus tard en nouveaux adultes. |
Leur alimentation se compose principalement de pucerons et autres insectes à corps mou, leur permettant de proliférer dans les champs et les jardins. Cependant, en automne, elles se nourrissent également de fruits, élargissant ainsi leur gamme de sources alimentaires dans divers milieux naturels. |
Avec plusieurs générations par an, la Coccinelle asiatique se reproduit de manière très efficace. Son élevage de masse est facilité par une alimentation à base d'œufs de lépidoptères, contrairement aux espèces locales nécessitant des pucerons frais. |
Impact sur les Populations de Coccinelles Locales
Compétition pour les RessourcesEn entrant en compétition directe avec les coccinelles indigènes pour la nourriture et l'habitat, la Coccinelle asiatique a un impact négatif sur les populations locales. Elle est plus vorace et prolifique, lui donnant un avantage considérable. |
Prédation des Larves NativesNon seulement elle rivalise pour les ressources, mais la Coccinelle asiatique se nourrit également des larves des espèces locales, aggravant encore davantage la menace pour leur survie. |
Déplacement des Espèces LocalesDes études ont démontré l'impact négatif de cette espèce invasive sur les populations de coccinelles natives. Au Canada, par exemple, plus de 60% des individus observés appartiennent désormais à des espèces importées, déplaçant les espèces locales de leurs habitats naturels. |
Nuisances pour les Humains
Agrégations dans les HabitationsAu-delà de l'aspect environnemental, la Coccinelle asiatique peut causer des nuisances pour l'homme en s'agrégeant massivement dans les habitations pour passer l'hiver. Bien qu'inoffensive, sa présence en grand nombre peut rendre la cohabitation désagréable. |
Émissions d'Odeurs DésagréablesDe plus, ces coccinelles émettent des substances malodorantes lorsqu'elles sont stressées ou écrasées, ajoutant à l'inconfort de leur présence massive dans les maisons. |
Potentiel AllergèneCertaines personnes peuvent également développer des réactions allergiques aux protéines présentes dans les fluides corporels de ces insectes, ce qui représente un risque sanitaire supplémentaire. |
Enjeux Éthiques et Politiques
Enjeu |
Explication |
Éthique |
L'introduction d'espèces exotiques sans précaution remet en cause la crédibilité de la lutte biologique et pose la question de la manipulation de la nature par l'homme, avec des conséquences potentiellement graves pour les générations futures. |
Politique |
Certains pays ont importé cette espèce qui se propage désormais chez leurs voisins sans leur accord, créant ainsi des tensions diplomatiques et environnementales entre nations. |
Économique |
Les dommages causés par cette espèce invasive aux écosystèmes locaux et aux cultures pourraient entraîner des coûts économiques importantsà long terme pour les secteurs agricoles et environnementaux. |
Solutions et Précautions à Prendre
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Évaluation Rigoureuse |
Surveillance et Contrôle |
Sensibilisation du Public |
Coopération Internationale |
Avant l'introduction d'une nouvelle espèce, une évaluation rigoureuse des risques et des impacts potentiels sur les écosystèmes locaux doit être réalisée par des experts indépendants. |
Une fois introduite, une surveillance étroite et des mesures de contrôle doivent être mises en place pour contenir la propagation de l'espèce exotique et limiter ses impacts négatifs. |
Il est important de sensibiliser le public aux enjeux liés aux espèces invasives et de promouvoir des pratiques durables pour préserver la biodiversité locale. |
Une coopération internationale est nécessaire pour harmoniser les réglementations et les efforts de lutte contre les espèces envahissantes, car leurs impacts transcendent les frontières. |
Une Leçon pour l'Avenir
L'introduction de la Coccinelle asiatique en Europe, initialement bien intentionnée, souligne les risques potentiels liés à la manipulation des écosystèmes sans une compréhension approfondie des conséquences à long terme. Cette situation met en évidence l'importance de l'évaluation scientifique rigoureuse, de la surveillance continue et de la coopération internationale pour prévenir et gérer les espèces envahissantes. Seul un équilibre délicat entre les besoins humains et la préservation de la nature peut garantir un avenir durable pour notre planète.
La Coccinelle asiatique (Harmonia axyridis) La Coccinelle asiatique : Une Controverse Écologique La Coccinelle asiatique (Harmonia axyridis), autrefois introduite comme agent de lutte biologique, ...
Le frelon Asiatique, une menace pour la biodiversité
Le frelon Asiatique, une menace pour la biodiversité
Le frelon asiatique, Vespa velutina, est une espèce invasive qui a un impact négatif sur la biodiversité en Bretagne, notamment en prédatant les abeilles et d'autres pollinisateurs. Sa présence affecte donc directement la pollinisation et, par conséquent, la production agricole et la biodiversité locale.
Pour lutter contre sa prolifération, plusieurs mesures peuvent être adoptées :
- Détection et destruction des nids: Il est crucial de repérer les nids le plus tôt possible, idéalement entre juillet et septembre, avant que les nouvelles reines ne soient formées. La destruction des nids doit être effectuée par des professionnels.
- Piégeage: Au printemps, des pièges sélectifs peuvent être installés pour capturer les reines fondatrices avant qu'elles ne commencent à construire des nids.
- Sensibilisation: Informer la population sur les risques liés à la présence du frelon asiatique et sur les bonnes pratiques pour limiter sa propagation.
- Soutien à la recherche: Encourager les recherches sur des méthodes de lutte biologique et sur le comportement du frelon asiatique pour développer des stratégies de contrôle plus efficaces.
Chacun peut contribuer à cet effort en restant vigilant, en participant aux campagnes de sensibilisation et en signalant la présence de nids aux autorités compétentes. Ensemble, protégeons notre patrimoine naturel breton contre cette menace.
Le frelon Asiatique, une menace pour la biodiversité Le frelon asiatique, Vespa velutina, est une espèce invasive qui a un impact négatif sur la biodiversité en Bretagne, notamment en prédatant les ...
Les espèces exotiques envahissantes
Les espèces exotiques envahissantes :
Sommaire :
Une menace pour la biodiversité : les Espèces Exotiques Envahissantes
Quelques points clefs :
1. Biodiversité ou diversité biologique
2. Espèces invasives, envahissantes ou pionnières
les espèces invasives
les espèces envahissantes
les espèces pionnières
3. Dynamisme et évolution des populations
La notion du sol nu vers la forêt
La notion de la nature ayant horreur du vide
Exemple de la renouée du Japon :
Conclusion
Autres exemples
Le frelon Asiatique
Une menace pour la biodiversité : les Espèces Exotiques Envahissantes
Les espèces Envahissantes ou invasives perturbent la biodiversité en prenant par exemple l’expansion de la Renouée du Japon (Fallopia japonica), au feuillage dense et élevé se développant rapidement grâce à ses puissants rhizomes.
Cet exemple concrétise la responsabilité de l’être Humain dans la dégradation de la diversité biologique.
La protection de notre environnement fait maintenant partie de nos préoccupations majeures, en constatant toutes les actions en faveur de la préservation de la nature et de la biodiversité.
Bien que des réglementations visent à protéger certains milieux comme Natura 2000, les ZICO, ZNIEF… un immense chantier nous attends à tous niveaux pour conserver un cadre de vie acceptable comme par exemple :
- S’efforcer individuellement à être attentif et vigilant à son environnement et ses pratiques de consommation,
- Dynamiser la sensibilisation publique à la protection de l’environnement,
- Faire pression aux politiques qui doivent être à l’écoute des préoccupations environnementales du citoyen et légiférer en ce sens.
A l’échelon international, des conventions visant à protéger la faune, la flore et l’environnement existent depuis plus de 50 ans.
L’un des textes les plus importants est la « Convention sur la diversité biologique » (Convention Internationale de Rio) dont les objectifs sont « la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.
Quelques points clefs :
1. Biodiversité ou diversité biologique
La biodiversité fait référence à la variété de toutes les formes de vie sur Terre, que ce soit au niveau des espèces que des écosystèmes. Elle intègre la diversité génétique au sein des espèces, la diversité des espèces elles-mêmes et celle des écosystèmes. La biodiversité est essentielle pour assurer le fonctionnement des écosystèmes, sachant que chaque espèce contribue à l'équilibre global de la biosphère.
La biodiversité présente de nombreux avantages pour les êtres humains. Elle fournit des services écosystémiques essentiels tels que la pollinisation des cultures, la purification de l'eau, la régulation du climat et la production d'oxygène. La biodiversité est également une source précieuse de molécules permettant la fabrication des médicaments, de ressources nutritives et de matériaux de construction. De plus, la diversité biologique offre des opportunités récréatives et esthétiques, contribuant ainsi à notre bien-être émotionnel et culturel.
Pourtant, la biodiversité est menacée ! La perte des habitats due à la déforestation, à l'urbanisation et à l'agriculture intensive est l'une des principales causes de dégradation de la biodiversité. Les espèces sont également menacées par la surexploitation, la pollution, le changement climatique et les espèces exotiques envahissantes. Cette perte de biodiversité a des conséquences graves car elle diminue la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des populations dépendantes de la nature.
La préservation de la biodiversité est donc primordiale pour garantir un avenir durable voir même la survie de l’espèce humaine. Il est impératif de promouvoir la conservation des espèces et des habitats, d'adopter des pratiques agricoles durables et éco-raisonnées, de réduire la pollution et de lutter contre le changement climatique. La sensibilisation et l'éducation du public sur l'importance de la biodiversité sont également des éléments clés pour favoriser des actions positives en faveur de la conservation et de l'utilisation durable des ressources naturelles.
2. Espèces invasives, envahissantes ou pionnières
Sachant qu’il existe des espèces invasives pionnières et non pionnières, envahissantes pionnières et non pionnières et que toutes les espèces pionnières ne sont pas forcément invasives ou envahissantes, voici quelques pistes pour tenter la différenciation :
les espèces invasives
Une espèce invasive est une espèce exogène (ou allochtone, exotique, importée) dont l’introduction, volontaire ou fortuite, mais surtout la prolifération dans des milieux naturels ou semi-naturels provoque, ou est susceptible de provoquer, des nuisances à l’écosystème dans lequel elle a été introduite. Il est à prendre en compte que toutes les espèces importées ne sont pas invasives. D’ailleurs, à l’image d’une espèce végétales comme la pomme de terre, nombreuses sont les espèces importées qui présentent à l’heure actuelle une importance non négligeable sans marquer de nuisance écologique. On considère que sur mille espèces importées, cent pourront être considérées comme « introduites », c’est-à-dire qu’elles peuvent apparaître de manière au moins temporaire à l’état sauvage. Sur ces cent espèces introduites, dix seront « naturalisées » : elles s’étendront sans l’intervention directe de l’homme. Certains distinguent en Europe les espèces naturalisées européennes (espèces indigènes sur une partie de l’Europe mais ayant étendu leur aire de répartition à d’autres régions sous l’influence de l’homme) et les espèces naturalisées exotiques (originaires d’un autre continent). Il est intéressant de considérer que pour le règne plantae, 5% des espèces de la flore européenne sont des espèces exotiques.
Sur ces dix espèces naturalisées, une seule sera « invasive » ! C’est la cas de l’ Impatiens glandulifera (balsamine géante), l’Elodea canadensis (élodée du Canada), l’Elodea nuttalii (élodée à feuilles étroites), du Buddleja davidii (buddléia), du Fallopia Fallopia Fallopia japonica (renouée du Japon) du Baccharis halimifolia (Séneçon en arbre)…
Plusieurs mécanismes de nuisance sont constatées comme l’hybridation avec des espèces indigènes, la modifications des habitats, la concurrence avec les espèces indigènes provoquant la disparition de celles-ci, hôte pour un organisme pathogène...
les espèces envahissantes
Certaines espèces indigènes (autochtones, locales) sont envahissantes. C’est le cas, par exemple pour les plantes, du jonc, de la molinie, voire de certaines stellaires ou même des orties, dans certaines conditions. Ces espèces peuvent poser des problèmes de concurrence pour d’autres espèces, indigènes ou naturalisées. C’est le cas de la plupart des plantes adventices en agriculture. Cependant, ces espèces s’implantent généralement sur des terrains perturbés, naturellement ou non, ou nus, des terrains de cultures, et appartiennent le plus souvent au groupe des espèces pionnières. Généralement indicatrices de la perturbation du milieu qui leur a permis d’apparaître, elles laissent d’autres espèces leur succéder ou cohabiter avec elles.
les espèces pionnières
Les espèces pionnières sont, par définition, les premières à coloniser les terrains nus. Par extension, on considère comme pionnières, les espèces colonisant les milieux perturbés naturellement (résultant d’inondations, éboulement, incendie…) ou artificiellement (par l’agriculture, les travaux, les pollutions…). Contrairement aux espèces invasives, elles sont plus ou moins rapidement remplacées par des espèces post-pionnières, plus persistantes. Ces espèces font partie du processus naturel d’une stratégie de re-colonisation par les populations. On parle généralement de « dynamique progressive ».
3. Dynamisme et évolution des populations
Exemple avec le règne des plantes :
La dynamique des populations végétales et d’évolution du milieu (naturel ou semi-naturel) comprends deux principes : « un système végétal sans contrainte (naturelle ou non) évoluant vers un modèle forestier » et « la nature a horreur du vide ». Il s’agit d’une notion simplifiée puisque l’évolution peut s’arrêter à un stade intermédiaire limité par certaines contraintes de nature de sol, de climat, d’excès ou de manque d’eau, de pollution ou générée par l’activité anthropique.
La notion du sol nu vers la forêt
A partir d’un sol nu, les plantes dites « pionnières » colonisent le milieu, formant le stade de végétation primaire. Cette formation est généralement constituée d’un peuplement par la strate herbacée discontinu constitué principalement de plantes annuelles : chénopodes, épilobes géraniums, séneçons, lamiers… La majorité des adventices des cultures, et donc celles du jardin, y sont présentes.
Puis apparaissent la plupart des plantes herbacées vivaces : bardane, tanaisies, mélisses, orties, renoncules, rumex… C’est à ce stade qu’opèrent les invasives les plus connues : renouée du Japon (et de Sakhaline), buddléia...
Apparait ensuite le stade de la végétation buissonnante avec de jeunes arbres dispersés et toute une palette de plantes herbacées subordonnées : ormes, érables sycomores, ronces, sureaux…
Ce stade peut ensuite évoluer vers le stade forestier : ormes, charmes, chênes, hêtres… Ce stade est considéré comme un « climax », un optimum de stabilité vers lequel tout peuplement végétal pourrait idéalement tendre.
La notion de la nature ayant horreur du vide
Au niveau de la biodiversité, la forêt est relativement pauvre : une strate forestière dominante, éventuellement une sous-strate arbustive constituée d’arbustes et jeunes arbres, et une strate herbacée.
C’est pourtant dans ce contexte de stabilité étouffante (les arbres dominants accaparant les ressources en lumière et en eau) que la dynamique des populations végétales peut s’exprimer. Chaque accident naturel (chablis, chute d’un arbre mort…) laisse l’espace et le temps à l’évolution progressive des différents stades végétaux de se réactiver, de la colonisation du sol laissé nu jusqu’à la « cicatrisation » de l’espace forestier.
La conservation de la biodiversité des systèmes qui parviennent à ce stade se limite donc à une gestion raisonnée de ces forêts, les invasions nuisibles se réduisant à celles de l’homme lui-même et d’éventuelles pestes non végétales, les maladies, les insectes, les champignons…
Les espèces invasives
Dans les milieux plus ouverts, la situation est différente. Il s’agit de milieux instables, « nouveaux ». Ce sont des milieux artificiels tels que des berges aménagées, des abords d’ouvrages routiers, des aménagements urbanistiques, des friches industrielles ou agricoles… Ce sont aussi des milieux naturels « sensibles » : des zones humides, des prairies calcaires, des fagnes…
Dans ces milieux, les espèces invasives bloquent le processus évolutif et en hypothèquent l’avenir. Non seulement elles bloquent le processus de dynamique progressive mais, en plus, elles provoquent une dynamique régressive parfois brutale et non progressive déséquilibrant totalement la biodiversité locale.
Sachant qu’il s’agit d’espèces importées, introduites et naturalisées, ces plantes invasives ont des facultés de croissance et d’expansion surprenantes mais n’ont pas importé avec elles leurs maladies, leurs prédateurs ou leurs facteurs limitants spécifiques. Elles pratiquent donc ce que l’on nomme actuellement une « distorsion de concurrence » sauvage par rapport aux plantes indigènes.
Exemple de la renouée du Japon :
La renouée du Japon (Fallopia japonica) est une véritable plante invasive !
Avec une vingtaine d’autres végétaux, dont le l’esthétique buddléia (Buddleia davidii), également nommé « arbre à papillons », elle est classée dans le « top 100 des espèces invasives les plus nuisibles » au niveau international !
Quel est ce « grand péril vert » ? Plante de la famille des Polygonacées, famille qui regroupe plus de huit cents espèces dans plusieurs genres dont celui qui est tristement connu de nos agriculteurs : le rumex !
Les espèces que nous identifions ici sont la renouée du Japon : Fallopia japonica (anciennement : Reynoutria japonica, Polygonum cuspidatum, Polygonum sieboldii) et la Renouée de Sakhaline : Fallopia sachalinensis (anciennement : Polygonum sachalinensis, Reynoutria sachalinensis). Les deux espèces étant très proches, tant d’aspect que de comportement, la seconde moins fréquemment rencontrée que l’autre, nous les inclurons ici dans le terme générique de « renouée », de même que les hybrides s’y apparentant.
En Europe, le genre Fallopia compte quelques espèces autochtones de lianes herbacées annuelles et quelques espèces de lianes herbacées pérennes naturalisées d’Asie, mais seule la renouée se comporte en plante invasive.
description
La renouée est une plante herbacée vivace érigée pouvant atteindre plus de trois mètres de haut. Ses tiges annuelles, qui se lignifient et sèchent avant de mourir, sont constituées d’une succession de segments creux d’environ deux centimètres d’épaisseur et maintenues par des nœuds pleins lui donnant l’aspect du bambou, d’où sa classification initiale dans le genre Polygonum, littéralement « plusieurs genoux ». Elles sont de couleur verte piquetées de petites taches rougeâtres.
Chaque segment de la tige principale développe, au niveau des nœuds, d’autres tiges fines qui portent les feuilles. Chaque pied de renouée porte plusieurs dizaines de tiges qui forment une cépée caractéristique. Dans ces formations, les tiges vertes et cassantes de l’année se mélangent aux tiges sèches de l’année précédente épargnées par la neige, ce qui rend la fauche plus difficile.
Les feuilles, assez polymorphes en fonction de la taille de la plante, sont grandes, des quinze à vingt centimètres, épaisses et cordiformes (en forme de cœur), alternes sur les tiges. La renouée développe un système racinaire ligneux s’apparentant à une tige souterraine. Ces rhizomes puissants, à forte croissance annuelle, portent de nombreux bourgeons dormants capables, au moindre stress, de développer de nouvelles tiges. Par leur longévité, dans et hors du sol, et leur capacité de reprise, des fragments de ce type de rhizome constituent le meilleur atout de la plante pour son expansion. Ce sont avant tout des organes de stockage pouvant descendre jusqu’à deux à trois mètres de profondeur, dans un rayon de plus de sept mètres autour du pied !
Les radicelles nourricières se concentrent dans les couches supérieures du sol. Ce déséquilibre entre organes racinaires de stockage de forte taille et radicelles constitue un facteur important de destruction des berges où la plante aime se développer.
Origine
Les renouées font parler d’elles depuis quelques décennies seulement en raison de leur spectaculaire avancée dans les paysages européens. Ces plantes sont originaires d’Asie (Chine, Japon, Corée, Taiwan) où elles prospèrent à une gamme d’altitudes très étendues, des plaines aux hautes montagnes volcaniques jusqu’au-delà de la limite forestière (2.200 mètres). Leur introduction en Europe et en Amérique du Nord date du milieu du XIXe siècle. Fallopia japonica a été ramenée du Japon, probablement l'île de Honshu, par plantations à partir des cultures clonées effectuées par Philippe von Siebold, entre 1825 et 1840. En 1847, cette plante obtenait la médaille d’or de la Société d’Agriculture et d’Horticulture d’Utrecht, en reconnaissance de sa valeur ornementale, ses propriétés mellifères et sa faculté à supporter les sols instables et toxiques.
Quant à Fallopia sachalinensis, son introduction est plus tardive : on la retrouve en 1864 dans le jardin botanique de Saint-Pétersbourg où elle fut plantée vers 1855.
Biologie
Le nombre chromosomique de base de Fallopia est x=11. Il existe des diploïdes (2n = 44), surtout au Japon, à la différence des plants chinois ou coréens qui sont octoploïdes (2n=88). Fallopia sachalinensis est plus largement tétraploïde dans son pays d’origine.
En Europe, les deux espèces sont octoploïdes, ce qui augmente encore leur gigantisme : un mètre cinquante au Japon, contre trois à quatre mètres en Europe. Ces grandes herbacées sont caractérisées par des tiges annuelles tubulaires glabres, souvent rougeâtres, atteignant entre deux mètres cinquante et trois mètres. Les feuilles sont larges (6-12 cm x 5-10 cm), particulièrement chez Fallopia sachalinensis, à texture épaisse. Les rhizomes, de forme bulbeuse, atteignent de gros diamètres et forment des réseaux denses dans le sol : huit à douze mètres de longueur à une profondeur d’un à deux mètres. La faculté de croissance de ces rhizomes est exceptionnelle, avec une régénération possible à partir de 0,7 g de rhizome. Ces caractéristiques végétatives expliquent le pouvoir d’expansion qui lui a valu le titre de plus vaste clone femelle du monde.
Les renouées sont soit hermaphrodites, soit femelles (les étamines sont avortées). Fallopia japonica a été introduite uniquement sous forme de femelle. Elle ne dispose donc pas de sources de pollen en Europe à partir de sa propre espèce. C’est à partir d’un seul clone que s’est propagée la plante, à partir d’un nombre très réduit de pieds issus de la seule île de Honshu.
La modestie du nombre de plants de Fallopia japonica implantés en Europe n’a donc pas empêché son expansion, grâce à un pouvoir de clonage peu commun. Mais cela n’a pas empêché non plus sa reproduction sexuée, grâce aux sources de pollen fournies par les autres espèces importées. Fallopia japonica et F. sachalinensis ont eu tout loisir, en cent cinquante ans de plantations côte à côte dans les jardins botaniques ou en développement spontané, de former une grande variété d’hybrides tous réunis sous le seul nom de F. x bohemica.
Ces hybridations se font grâce aux propriétés mellifères de ces plantes, qui attirent les insectes pollinisateurs. Leurs longues inflorescences sont fortement appréciées par ces insectes car elles s’épanouissent à l’automne, période à laquelle les sources de nectar sont plus rares.
Les clones de Fallopia x bohemica se distinguent aisément à l'automne, lors de la période de reproduction, par la variabilité de leurs inflorescences, diversement blanches, pendantes ou dressées, et les différences dans les périodes de floraison et de fructification.
Aires d’expansion
Depuis ces dates lointaines, les populations introduites en Europe se sont lentement développées à partir des plantations, mais aussi dans les décharges, et par propagation naturelle le long des rivières. Leur vitesse d'expansion a augmenté exponentiellement après 1930. En Europe, leur aire est aujourd’hui considérable, s’étendant de la côte atlantique à la Mer Noire, et du nord du Portugal et de l’Espagne aux côtes de Norvège et de Finlande.
Sur le continent américain, les renouées sont recensées sur plus des deux tiers du territoire et leur présence est également signalée sur le continent australien.
L’impact des renouées sur l’environnement et sur l’économie est loin d’être négligeable.
L’action des Renouées sur l’environnement se marque essentiellement à deux niveaux : au niveau « mécanique » et au niveau de la biodiversité.
Le milieu de prédilection des renouées est les berges et les talus. Son système racinaire très développé est constitué de rhizomes épais, lisses, sans véritable racine capable de retenir les terres. Son action, sur les berges notamment, est destructrice et très préoccupante. C’est sans doute l’une des principales motivations des groupes internationaux : des programmes communs d’étude existent entre l’Angleterre, les Etats-Unis et le Japon ; plusieurs campagnes d’études en relation avec la protection des cours d’eau sont menées dans plusieurs départements français et ailleurs en Europe.
Au niveau de la biodiversité, son action est claire et radicale. Plus rien ne pousse sous les renouées ! Le feuillage est dense et haut du printemps jusqu’à l’automne ; les rhizomes monopolisent le sol et ses ressources. En empêchant tout autre végétal de pousser, les renouées bloquent littéralement l’évolution naturelle des formations végétales en place. De plus, la « biodiversité faunistique » étant directement liée à la « biodiversité floristique », mises à part les espèces animales pouvant se nourrir du pollen des renouées, les autres sont condamnées à disparaître de ce milieu. On constate donc rapidement une dramatique chute de la biodiversité là où les renouées s’installent.
Il est à noter que l’effet d’une plante envahissante (l’ortie par exemple) n’a pas un impact important sur la biodiversité par rapport à une plante invasive. Une plante envahissante, même à expansion forte et soudaine, tolère toujours une flore qui lui est associée ou indifférente. Ceci permet généralement le maintien de la faune locale alors que les plantes invasives ne le permettent pas.
Le futur
Il est vraisemblable l’aire maximale de répartition de la renouée soit à peu près atteinte actuellement, mais que sa densité de peuplement au sein de celle-ci soit sans cesse croissante. Des relevés effectués dans la région bruxelloise indiquent qu’une augmentation de 65% de sa fréquence a été remarquée en moins de cinquante ans. Il est donc nécessaire de prendre en compte ce phénomène d’invasion pour limiter au minimum la densité des renouées et leur propagation.
De plus, de récentes études montrent qu’il existe dans la nature, des plants de renouées qui, résultant de certaines combinaisons d’hybridations, se reproduisent par graines pour donner une descendance fertile. Ce constat est inquiétant car il est probable que, comme tous les autres hybrides, ceux-ci présentent le même comportement de plante invasive que Fallopia japonica. La multiplication par graine ne ferait alors qu’accélérer dramatiquement l’expansion de ces plantes invasives et leur impact sur le milieu.
Les moyens de lutte
A l’heure actuelle, beaucoup de pistes sont étudiées mais peu de méthodes alliant efficacité et faisabilité économique se sont clairement démarquées. Une chose est pourtant de plus en plus évidente : la lutte chimique contre cette plante, qui est physiologiquement conçue pour résister aux substances toxiques, est une perte de temps et de moyens, sans parler des impacts désastreux qu’elle aura sur les milieux déjà sensibles que sont les milieux de prédilection des renouées.
La voie d’une lutte biologique est étudiée, avec l’introduction d’organismes qui contrôlent naturellement les renouées dans leurs zones d’origine : champignons pathogènes, insectes phytophages plus ou moins spécifiques… Ces introductions doivent cependant être fort bien étudiées pour ne pas introduire une autre espèce invasive de plus !
La troisième voie est une voie mécanique : coupes répétées, arrachages répétés, paillages biodégradables, plantation de végétaux compétitifs. La combinaison d’une ou plusieurs de ces techniques est également possible.
Conclusion
Il est impératif de contrôler et d’éradiquer les espèces menaçant la biodiversité sur son territoire, et donc, en premier lieu, les plantes invasives !
Il est clair que la renouée n’est pas la seule plante invasive que nous connaissons et dont nous devons nous préoccuper : alliaire, centaurée du Rhin, centaurée du Solstice, cirse des champs, euphorbe ésule, berce du Caucase, salicaire et tussilage sont des collègues du fameux top 100 où pointe également notre renouée.
Cette dernière présente cependant le terrible avantage de nous éclairer sur les responsabilités évidentes de l’Homme face à l’environnement et la biodiversité. En effet, si on exclut les encore rares cas de propagation par graines, seules les mauvaises pratiques humaines sont à mettre en cause pour expliquer l’incroyable prolifération de cette plante.
Autre exemple :
Le frelon Asiatique :
Le frelon asiatique est une espèce invasive qui représente une menace pour les abeilles, les autres insectes pollinisateurs et la biodiversité en général. Il peut également être dangereux pour les êtres humains, en particulier pour ceux qui sont allergiques à ses piqûres ou lors d'une attaque massive après dérangement à proximité du nid..
En Bretagne Sud, il existe plusieurs initiatives pour lutter contre la prolifération du frelon asiatique. Voici quelques mesures qui peuvent être prises pour contribuer à cette action lutte :
Il est important de signaler la présence de nids de frelons asiatiques aux mairies qui on certainement désigné un référent ou la Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles (FDGDON).
Des pièges sélectifs peuvent être installés pour capturer les frelons asiatiques. Ils doivent être disposés en début de printemps et surveillés régulièrement pour éviter la capture d'espèces non-ciblées.
Les apiculteurs peuvent installer des dispositifs de protection pour leurs ruches afin de les protéger des attaques des frelons asiatiques.
La sensibilisation de la population est un élément important pour lutter contre le frelon asiatique. Des campagnes d'information et de sensibilisation sont organisées pour informer les résidents sur la nécessité de signaler les nids de frelons asiatiques et de contribuer à leur éradication.
Il est important de noter que la lutte contre le frelon asiatique doit être menée de manière raisonnée et respectueuse de l'environnement. Il est recommandé de ne pas utiliser de pesticides ou de méthodes non sélectives qui pourraient avoir des effets néfastes sur les autres espèces.
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Les plantes rares ou menacées
Les plantes rares ou menacées :
La Bretagne Sud abrite des plantes rares ou menacées en raison de la fragmentation de leur habitat naturel et de l'activité humaine qui a modifié les paysages au fil du temps. Voici quelques exemples de plantes rares ou menacées en Bretagne Sud :
La Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), plante vivace se développant dans les prairies humides et les tourbières. Elle est menacée en raison de la modification de son habitat naturel par l'agriculture intensive et la fragmentation des zones humides.
La Linaigrette engainée (Eriophorum vaginatum), plante aquatique poussant dans les zones humides telles que les marais et les étangs. Elle est menacée en raison de la modification de son habitat naturel par l'urbanisation, le drainage des zones humides et l'agriculture.
La Potentille des marais (Comarum palustre), plante vivace qui croissant dans les marais et les prairies humides. Elle est menacée en raison de la destruction de son habitat naturel par les activités humaines telles que l'agriculture intensive, le drainage des zones humides et l'urbanisation.
L'Orchis à fleurs lâches (Anacamptis laxiflora), orchidée poussant dans les prairies humides, les marais et les tourbières. Elle est menacée en raison de la destruction de son habitat naturel par l'agriculture intensive, l'urbanisation et le drainage des zones humides.
La Grassette du Portugal (Pinguicula lusitanica), plante se développant dans les dunes côtières et les falaises maritimes. Elle est menacée en raison de la destruction de son habitat naturel par l'urbanisation, l'exploitation des dunes pour le tourisme et les activités portuaires.
Il existe d'autres plantes rares ou menacées en Bretagne Sud, mais celles-ci sont parmi les plus emblématiques. Il est important de préserver ces plantes pour maintenir la biodiversité et les écosystèmes locaux en bonne santé.
Des actions de sensibilisation pour protéger les plantes rares ou menacée et comprendre l’intérêt de conserver la laisse de haute mer sont visibles, notamment sur la grande plage de Port-Navalo à Arzon.
La biodiversité préservée :
Dans cet exemple, 3 plantes halonitrophiles supportant la sécheresses et les vents salés dans un milieu drainant et où les précipitations sont rares.
Présentes sur le littoral en haut de plage à la limite des marées hautes de vives eaux, s’enrichissant des nitrates et en sels présents dans la laisse de mer.
Les plantes rares ou menacées : La Bretagne Sud abrite des plantes rares ou menacées en raison de la fragmentation de leur habitat naturel et de l'activité humaine qui a modifié les paysages au fil ...